Vous imaginez une maison « côte ouest » entourée d’un jardin que baignent les embruns et la douceur du Gulf Stream ? Que nenni, juste un jardin éphémère composé dans mon œil sur les cotes bretonnes arpentées cet été. Je vous livre ici quelques clichés souvenirs de mes fleurs et plantes du bord de l’océan.
Des dunes de sables, des rochers et des falaises balayées par les vents, oxydées par le sel… Bref, la vie n’est pas facile pour les plantes sur le littoral. Mais l’instinct de survie bien chevillé au corps, elles s’adaptent, se nanifient pour échapper à la prise du vent, développent des trésors d’ingéniosité pour résister au dessèchement lié au vent et au sel.
Sur cette fin de la terre, au dessus de l’océan, il y a les plantes du jardin du haut ( les falaises rabotées par les vents ) et celles du jardin du bas ( les dunes mobiles ou fixées, les rochers bas , les cordons de galets ). Et puis il y a celles qu’on trouve un peu partout, du haut en bas.
Le jardin du haut : landes et pelouses
Sur les falaises hautes, surplombant l’océan, on trouve la lande où moutonnent à l’infini les bruyères violettes. Elles sont les reines de cet espace ouvert où le vent empêche la croissance des arbres. Si les bruyères donnent le ton, en regardant de plus près, le manteau violet est aussi constellé des fleurs jaunes des ajoncs.
Le haut des falaises est aussi le domaine de la pelouse, où l’herbe se mêle aux ombellifères , comme la carotte à gomme (Daucus gummifer) qui se distingue des autres carottes sauvages par sa forme plus trapue (tige plus grosse, taille moins haute) car dans ce milieu venté, il n’y pas de place pour les longilignes. Il vaut mieux être bien accroché comme ces touffes d’armérie maritime (Armeria maritima) dont les fleurs fanées continuent de se balancer au bout des tiges solidement arrimées à la pente . Ou encore être doté de piquants comme ce chardon violet.
Le jardin du bas: dunes et rochers
Sur les cotes plus basses, on trouve des giroflées des dunes ( Matthiola sinuata ). Face à l’adversité, chacun sa méthode et cette plante bisannuelle, aux fleurs mauves, a choisi de développer sa pilosité pour se protéger à la fois du vent et de l’évaporation. La giroflée ci-dessous est dans sa deuxième année, en fin de floraison. On voit déjà certaines de ses tiges se durcir et sécher avant de composer un petit buisson de branchettes mortes.
Autre bisannuelle, la ravenelle maritime (Raphanus maritimus) avec ses petites fleurs jaunes à 4 pétales.
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Granit et graminées font bon ménage ici. A la dureté de la pierre répondent les pompons tout doux des queues de lièvre ( lagurus ovatus ) . Cette graminée plutôt méridionale se plait bien sur les cotes bretonnes où elle s’est naturalisée.
Après la douceur, le piquant du panicaut champêtre (Eryngium campestre) qui prolifère dans les dunes fixées
Dans les rochers proches de la mer, le feuillage gris et velouté du cinéraire maritime (Senecio cineraria) entouré ici de cristes marines.
Sur le haut de la plage , les petites marguerites et le feuillage finement découpé de la matricaire maritime (matricaria maritima). Si elle ressemble comme deux gouttes d’eau à la camomille, mais n’essayez pas d’en faire une infusion, elle ne sent rien du tout et visiblement n’a aucune propriété médicinale intéressante.
En haut, au milieu, en bas, la criste marine (Crithmum maritimum) semble à l’aise partout … Et c’est un peu ma chouchoute.
Elle n’a peur ni du sel, ni de la sécheresse. Ses feuilles charnues lui permettent d’y résister . Elle se loge dans les creux des rochers (on l’appelle aussi casse-pierre), à flanc de falaise, sur les cordons dunaires… J’aime beaucoup le port buissonnant de cette plante grasse aux fleurs jaunes ou écrues .
Voilà, c’est fini pour ce petit tour de jardin de la mer entre falaises et dunes de mon été. Un jardin, qui se compose et recompose à l’infini sous le regard de tous ceux qui veulent bien observer un instant les plantes du littoral et leur étonnante adaptation aux conditions difficiles du milieu.
