Et si on se laissait aller, pour une fois à aimer le jaune au jardin ?
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Comme la grande majorité des gens ( et oui, c’est culturel!), je n’éprouve pas une attirance folle pour la couleur jaune ! Sauf au printemps… Pourquoi quand arrive le mois de février , tout d’un coup, cette couleur mal aimée se pare de tous les attraits? Et pourquoi avril finissant je lui dis «bye bye, à l’an prochain !»? Mystère de la parenthèse jaune!
Déjà, en hiver, le jaune est là…
Dans mon jardin , le mahonia se mélange au jasmin d’hiver : côte à côte, ils fleurissent ensemble .
A priori rien ne les prédisposait à être liés pour la vie : le premier s’est planté tout seul , ses fleurs sont complexes et torturées, ses feuilles découpées ressemblent à du houx… Bref un indépendant qui se laisse difficilement approcher… J’ai planté le second, qui est tout en simplicité pour les fleurs et en rectitude pour les tiges qu’il faut palisser. Pas très autonome le garçon, mais assez malin pour comprendre qu’il passerait inaperçu dans l’exubérance de l’été et qui s’est débrouillé pour fleurir à la morte saison. C’est ça le talent du jasmin d’hiver !
Les deux compères en habit vert et jaune se retrouvent donc aux premières loges dans mes bouquets de jardin.
De temps en temps , entre deux bouquets home made, je fais des entorses à l’éthique et craque pour des tulipes hollandaises pas très bio pas très locales que je choisis … jaunes !
Puis croc croc arrivent les crocus … Là, pas de bouquets, on les laisse dans l’herbe . Jaune pâle ou jaune d’or , ils se prélassent au soleil.
Et puis, début février, on a la première jonquille au jardin ! L’événement vaut d’être filmé en ce jour de pré-tempête, lorsque seule face aux éléments, elle est la vigie d’un jardin encore endormi.
Peu à peu d’autres trompettes sortent de l’ombre, les mini « tête à tête » dans les potées , puis les grands narcisses dans les massifs.
Je prélève avec parcimonie un ou deux spécimens pour des compositions minimalistes.
Au jardin, le jaune est domestiqué, il mouchette délicatement le fond vert et brun …
… mais dans la nature il en va autrement.
Un week-end au bord de la Loire me rappelle que dans les bois, c’est la marée jaune !
Et devant cette profusion, on se laisse aller à la franche cueillette pour de jolis bouquets tout ronds.
Un petit tour dans le Cotentin et c’est le mimosa sous la pluie, le jaune nous poursuit .
Puis il y a le forsythia dont je fais grand cas . Entendons nous bien : j’aime le forsythia mais le forsythia libre ! Pitié , pas de forsythia taillé au carré ! On laisse ses branches gicler vers le ciel. Et on en taille juste quelques unes, par-ci par-là, après la floraison !
Pourquoi j’aime le forsythia ?
Parce que, populaire et reconnaissable, il est dans tous les jardins.
Parce que tous les mois de mars, par la fenêtre du train ou de la voiture, il illumine notre champ de vision de grandes flaques jaunes.
Parce que j’en ai eu un tellement énorme dans mon premier jardin, que mes enfants s’y cachaient dedans.
Parce que c’est toujours un miracle de voir des rameaux tristes et nus se couvrir d’ étoiles dans la chaleur de la maison.
Parce que cette année, se moquant du chaos extérieur et de notre désordre intérieur il est là fidèle au poste, lumineux dans le soleil de mars.
Donc, en ces premiers jours du printemps , je me laisse aller à aimer le jaune avant la grande éclipse. Mais bon, les temps sont incertains, tout change, peut être même la parenthèse jaune….
Et vous ? Êtes-vous sensible, comme moi, au syndrome de la parenthèse jaune ou bien invitez vous cette couleur dans d’autres saisons ?
